Appel aux dons à RADIO PFM - Association MEDIA
(Mouvement d’Expression pour le Développement des Initiatives Audiovisuelles)

plus d’infos et plateforme sécurisée de dons en ligne en suivant ce lien

Nouvelles d’Europe, octobre ’06 Nouvelles d’Europe, chroniques sur l’actualité de l’Union Européenne

Chronique à écouter ici

Emission diffusée le jeudi 5 octobre 2006

Le texte :

Traité de Lisbonne

C’est le nom pris par le traité réformateur conclu à Lisbonne les 18 et 19 octobre.

Il fait suite à l’échec en 2005 de la ratification du Traité Constitutionnel Européen, dû notamment aux NON des français et des Néerlandais. Ce nouveau traité amende les deux traités fondateurs de l’Europe, pour améliorer les institutions et le fonctionnement de l’Union et notamment faire face à l’élargissement à 27 pays.
J’ai consacré la chronique nouvelles d’Europe du mois de septembre au contenu du traité réformateur, et je n’entrerai pas dans le détail, mais, actualité oblige, il nous faut en reparler.

En résumé : ce traité est un compromis entre les positions des 18 pays qui ont ratifié le traité constitutionnel et ceux qui l’avaient refusé ou ne s’étaient pas prononcés.
Les modifications constitutionnelles proposées dans le projet de constitution s’y retrouvent : présidence stable de l’Union, ministre des affaires étrangères (qui change de nom et devient haut représentant), prise des décisions au Conseil à la double majorité, réduction de la taille de la commission, élargissement du nombre de domaines en codécision entre le Conseil et le Parlement européen, personnalité juridique de l’Union.
Il s’agit de dispositions qui permettent à l’Union de mieux fonctionner à 27 et de faire des avancées importantes en termes de démocratie et de droits des citoyens : augmentation des droits du Parlement, droit d’initiative citoyenne, meilleur contrôle des parlements nationaux, valeur juridique de la Charte des droits fondamentaux, protocole sur les services publics.
Une des avancées importantes est que, désormais, le Parlement élira le président de la commission, c’est à dire que les partis lors des élections européennes présenteront en même temps que leur programme, leur candidat.

Trois reculs toutefois importants par rapport au Traité Constitutionnel :
• Perte d’ambition politique :Les symboles d’une intégration politique tels que l’appellation « Constitution », les termes « loi européenne, ministre des affaires étrangères, le drapeau, l’hymne , la devise disparaissent. Le nouveau texte ne donne pas la même impulsion politique qu’une constitution.
• Perte de clarté : on perd l’avantage d’un texte unique qui se substituait aux traits antérieurs. Malgré les critiques faites au TCE, c’était un texte qui était beaucoup plus lisible pour les citoyens,..
• Recul de l’unité de l’Europe : Le Royaume-Uni a obtenu de ne pas devoir respecter la Charte des Droits Fondamentaux (la Pologne aussi mais la nouvelle majorité parlementaire élue ce week-end a indiqué qu’elle accepterait la Charte). Le Royaume-Uni a aussi obtenu de nombreuses dérogations en matière de justice et d’affaires intérieures (police). Ces exceptions s’ajoutent à sa non-participation à l’Euro et à l’espace Schengen.

En bref, un traité qui permet de sortir de la crise institutionnelle mais qui témoigne d’une certaine perte de volonté d’intégration politique de l’Europe qui est de mauvais augure face à l’importance des problèmes auxquels l’Europe a à faire face.

S’agit-il du « traité simplifié » de Sarkosy ?

Non Sarkozy proposait un traité simplifié, c’est à dire réduit à la partie 1 du TCE :
• pas de partie 2, c’est à dire pas de valeur contraignante de la Charte des Droits Fondamentaux.
• pas de partie 3 c’est à dire renoncer à certaines améliorations notamment en matière d’action extérieure et de services publics.
• pas de partie 4 c’est à dire pas d’amélioration des modalités de révision.
Heureusement que l’on en n’est pas resté là.

Ratifications

Le traité de Lisbonne élimine l’équivoque d’un super-état européen. Ce qui explique que les chefs d’états ont tous annoncé leur intention de ratifier par voie parlementaire. Seule l’Irlande est obligée constitutionnellement de ratifiée par référendum.
Objectif : entrée en vigueur au 1er janvier 2009 pour une application lors des élections européennes de juin 2009 et la désignation d’une nouvelle Commission.

Les français qui ont voté NON au TCE ne vont-ils pas être frustré de référendum ?

Oui mais le référendum est-t-il adapté à ce type de ratification ?. On en connaît le défaut majeur : les citoyens ne répondent pas à la question posée. On l’a vu en 2005 où de nombreux électeurs ont voté non au pouvoir, et même ceux qui ont voté sur l’Europe n’ont souvent pas voté pour ou contre le texte qui leur était proposé.
Nous sommes en démocratie représentative. La ratification par le parlement est démocratique.
On peut ajouter que distribuer un texte incompréhensible aux citoyens pour leur demander leur avis serait absurde.
Ce dit il est regrettable que le nouveau traité n’ait pas fait l’objet d’un large débat avec les populations. La phase de réflexion depuis 2005 n’a pas comporté de débats avec les citoyens. On aurait pu imaginer que la télévision, la parlement débatte de façon approfondie. Ce n’a pas été le cas.
La meilleure solution aurait été que la ratification soit acquise au moyen d’un référendum européen. Un fait significatif : Hélène Flautre, députée européenne que nous connaissons bien, l’a proposé en séance du Parlement Européen. Cette proposition n’a pas été mise au vote du fait de l’opposition du groupe GUE - NGL (communiste et antilibérale) Ce qui signifie qu’il y a une gauche radicale qui a des réflexes nationaux et qui refuse une Europe intégrée, même aux dépens du renforcement du pouvoir politique face à l’économie libérale.

Pour une fois on peut être d’accord avec Gordon Brown : ne plus dépenser sur les institutions et se consacrer aux politiques, notamment de nouvelles politiques apportant des résultats aux européens.

Les grands débats à venir

Ils ne manqueront pas. Un « Comité des sages » va d’ailleurs être nommé pour réfléchir à ce que devra être l’Europe dans 20 ou 30 ans et aider à définir de nouveaux objectifs.

L’Union Européenne se veut le porte parole au niveau mondial du débat sur la mondialisation dans trois domaines : les institutions internationales, l’innovation et l’éducation, le changement climatique. Une déclaration sur la mondialisation sera adoptée au Conseil européen de décembre.

D’autre débats sont propres à l’Europe :
• Redéfinition des politiques communes, notamment de la PAC
• Réforme du financement de l’Union
• Révision de la stratégie de Lisbonne et mondialisation économique
• Révision du marché unique et le principe de préférence communautaire
• Le renforcement institutionnel et politique de la zone Euro
• Les frontières de l’Europe
• Les nouvelles politiques communes en projet : recherche, climat, immigration.

On voit qu’il y a du travail en perspective. Les améliorations du traité de Lisbonne seront précieuses pour faciliter les prises de décisions.

Quelques brèves

1 - L’Europe s’implique dans le confit au Darfour. Une force européenne de 2000 hommes va partir pour l’est du Tchad et le nord de la Centrafrique pour appuyer les forces de l’ONU. Les soldats sont fournis principalement par la France, l’Irlande, la Suède, la Pologne, la Belgique

2 - Deux rapport au Parlement européen :
• Le rapport présenté par Jacques Toubon sur le « réexamen du marché unique » a été approuvé à une large majorité. Il demande de donner au marché unique une dimension plus sociale, que toute proposition de la Commission fasse l’objet d’une étude d’impact notamment sur l’environnement et dans le domaine social.
• La commission du Développement a adopté un rapport d’initiative sur la stratégie de l’Union européenne pour l’Afrique. Y sont mentionnés le contrôle des armes, la lutte contre la fuite des cerveaux et l’émigration, les crimes contre l’humanité ainsi que les négociations en cours des APE (Accords de partenariat économique) entre l’Europe et les pays pauvres. Le rapport demande que ces accords soient pleinement conformes aux objectifs de la politique de développement de l’Union. Rappelons que les APE sont actuellement très contestés par les ONG.

Prochaine chronique Nouvelles d’Europe le 27 novembre 2007.

Sources : Europa, Touteleurope, Europemidi, Euractiv, Lettre Oui à l’Europe, Sinople, Agence Europe, presse quotidienne et hebdomadaire française dont Le Monde, Courrier International.

articles liés ou les derniers articles disponibles

Poster un commentaire

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

  • Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom