Nouvelles d’Europe, mai ’07 Nouvelles d’Europe, chroniques sur l’actualité de l’Union Européenne
mercredi 2 mai 2007
L’Union Européenne et les élections présidentielles en France
Pour écouter la chronique :
http://pfm.decibels.free.fr/ne17.mp3
Le texte :
Elections présidentielles françaises
Le premier tour a conduit à la qualification pour le premier tour des candidats de l’UMP et du PS, à l’émergence d’un parti centriste et au recul des extrêmes de droite et de gauche.
Quelles ont été les réactions en Europe ?
C’est d’abord une réaction de soulagement de voir les partis radicaux et particulièrement Front National reculer : c’est notamment la réaction de Frank-Walter Steinmeir, ministre des affaires européennes allemand. "Je suis assez satisfait que les groupes plus radicaux, comme Le Pen, aient clairement reculé",
Joseph Daul, président du PPE droite a salué les résultats, je le cite : « les Français ont réaffirmé avec force …leur intérêt pour la politique et leur compréhension de l’importance des enjeux en participant en masse à ce scrutin »
C’est ensuite un constat encourageant pour la construction européenne . On sait la crainte dans les instances européennes d’un nouveau NON de la France s’il y a un nouveau référendum. Le président de la Commission José-Manuel Barroso considère, je cite : « comme un très bon signe les bons scores des forces pro-européennes ».
Pour les partis sociaux démocrates, c’est l’intérêt de voir une convergence apparaître entre la gauche et le centre : En Italie, où les dirigeants actuels tentent de construire un grand parti de centre-gauche, le président du Conseil, Romano Prodi, a ouvertement souhaité une alliance entre Ségolène Royal et François Bayrou en vue du deuxième tour, qui serait, selon lui, "un élément de clarté et de mise en ordre dans le schéma politique français".
Quels enseignements tirez-vous du premier tour en tant que militant pour l’Europe ?
Une comparaison entre les premiers tours de 2002 et de 2007 montre clairement que les extrêmes qui on voté NON au référendum constitutionnel ont été réduits. : Les partis du NON de droite sont passés de 23 % à 14 %, et surtout ceux du NON de gauche sont passés de 19 % à 9 %.
Dans le même temps une partie des électeurs du parti socialiste, divisé sur l’Europe, s’est déplacée sur François Bayrou qui porte un discours résolument européen. Le total des partis du OUI est passé de 57% à 77%.
On sait que la logique du « vote utile » a joué un rôle important pour limiter les scores des « petits candidats ». Ceci dit il y a un constat à faire : la dynamique supposée des partisans du Non pour créer une gauche radicale anti-libérale est un échec.
Par ailleurs, l’importance du vote Bayrou, la nécessité pour la gauche de se rapprocher du centre, ouvre la voie à une évolution du PS vers la social-démocratie, éventuellement, suivant le résultat des élections présidentielle et législative, à une alliance de la gauche et du centre, qui rapprocherait la gauche française des gauches social-démocrates européennes : allemande, anglaise, italienne, espagnole.
J’espère que la mobilisation massive de l’électorat et la confiance retrouvée dans les partis de gouvernement sont les signes que les français évoluent d’un comportement protestataire et un comportement électoral plus constructif. C’est une évolution qui ne peut qu’être favorable à la construction européenne.
Pouvez-vous rappeler quelles sont les principales propositions des deux candidats sur l’Europe ?
· Dans le domaine institutionnel, Ségolène Royal propose un nouveau traité comprenant un volet social et ratifié par référendum Noicolas Sarkosy veut un traité simplifié institutionnel ratifié par voie parlementaire, suivi de la mise en place d’une nouvelle Convention.
· Tous les deux veulent rediscuter des statuts de la Banque centrale européenne et créer un gouvernement économique européen.
· Dans le domaine du commerce international, Ségolène veut imposer aux produits importés dans l’UE le respect de critères sociaux et environnementaux et supprimer les aides européennes aux entreprises qui délocalisent. Nicolas Sarkosy entend imposer la réciprocité dans les relations commerciales et suspendre les aides des fonds structurels aux pays pratiquant le dumping fiscal, social ou environnemental.
· Dans le domaine social Ségolène Royal propose la mise en place de critères de convergence sociale. Nicolas Sarkosy souhaite au contraire la préservation de la souveraineté fiscale des Etats membres.
· Ségolène Royal demande une directive cadre sur les services publics
· En matière de politiques nouvelles, Ségolène Royal veut la mise en place de politiques communes sur la recherche, l’énergie , l’environnement et la création d’une taxe intégrant les coûts de la dégradation de l’environnement. Nicolas Sarkosy, lui, se limite à une Europe de l’énergie.
· Ségolène demande une augmentation du budget européen et l’autorisation d’emprunter pour l’Union.
· Nicolas Sarkosy propose un pacte européen sur l’immigration.
· Ségolène Royal veut limiter l’élargissement aux candidatures actuelles et envisage favorablement l’adhésion de la Turquie. Nicolas Sarkosy veut définir les pays européens et non européens (la Turquie n’est pas européenne) et propose un partenariat privilégié avec la Turquie,
L’orientation de l’Europe sera-t-elle réellement différente suivant le président élu ?
Rappelons d’abord que cela dépend d’une négociation à 27
Mais l’orientation de la construction européenne peut être influencée dans des sens différents puisque Nicolas Sarkosy insiste sur la performance économique européenne, alors que Ségolène Royal prône une dimention sociale. Dans le même sens, Nicolas Sarkosy demande la préservation des politiques fiscales nationales alors que Ségolène Royal demande une harmonisation des politiques fiscales pour lutter contre les délocalisations internes à l’Europe.
Le projet européen de Ségolène Royal est nettement plus ambitieux que celui de Nicolas Sarkosy, notamment en matière d’environnement et grâce à une augmentation du budget européen et la possibilité pour l’Europe d’emprunter.
Surtout dans le domaine institutionnel, Nicolas Sarkosy propose un traité institutionnel simplifié et ratifié par le Parlement ,peu ambitieux mais qui ne poserait guère de problème pour son adoption.
Au contraire, Ségolène Royal propose la solution plus ambitieuse, plus proche de celle préconisée par les pays qui ont déjà ratifié le Traité constitutionnel, fondée sur les parties 1 et 2 du traité constitutionnel, en y ajoutant une dimension sociale et des politiques nouvelles. Mais cette solution risque de se heurter à des oppositions des Pays-Bas, de la Pologne de la république Thèque, mais surtout du Royaume Unis et de la Suède. On pourrait alors aboutir à un traité qui consacrerait une Europe à deux cercles avec une majorité d’états plus intégrés politiquement et certain états qui se limiteraient aux politiques européennes actuelles.
Quelques brèves :
Bronislaw Geremek et la loi de lustration
En application de la loi dite de « lustration » plusieurs centaines de milliers de Polonais vont devoir déclarer s’ils ont ou non collaboré avec la police secrète de l’ancienne Pologne communiste. Cette loi prend les allures d’une chasse aux sorcières.
Bronislaw Geremek, député européen, ancien dissident et animateur du syndicat Solidarnosc, ancien ministre des affaires étrangères, a refusé de s’y soumettre. Son gouvernement entend le priver de son mandat de député européen. Le Parlement européen dans sa grande majorité lui a apporté son soutien.
Le groupe socialiste a réclamé une procédure de suspension des droits de vote de la Pologne au Conseil de l’Union.
Troisième Paquet maritime
Le parlement européen a voté le 25 avril le « 3eme paquet maritime » constitué d’un ensemble de mesures pour protéger l’Europe des risques de pollution et d’accidents de mer : définition des responsabilités, contrôle et suivi des navires, enquêtes sur les accidents.
Le Conseil d’Etat constate l’inadaptation de l’administration française à l’Europe
Dans son rapport annuel, il estime que les institutions françaises n’ont pas pris la mesure des évolutions du système décisionnel de l’Union.
· L’administration française ne participe pas assez en amont à l’élaboration des décisions européennes.
· Elle n’a pas intégré que dans les processus européens, les états ne sont pas seuls à participer aux décisions : les partenaires sociaux, groupes de pression, intérêts privés sont aussi invités à défendre leur point de vue.
· On continue à traiter les affaires européennes comme des affaires étrangères.
· Les fonctionnaires français n’ont pas de formation européenne.
Par ailleurs les associations professionnelles, avocats, journalistes français sont très insuffisamment présents à Bruxelles.
Désaccord entre le gouvernement français et Eurostat sur les chiffres du chômage.
L’INSEE réalise une enquête emploi, qu’elle actualise tous les ans pour établir les chiffres du chômage. A l’automne dernier le gouvernement a différé la publication de cette enquête, selon les commentateurs parce qu’elle établissait, avant les élections présidentielles, un taux de chômage trop élevé.
Eurostat, l’organisme officiel de statistiques européennes a désavoué le gouvernement en publiant les chiffres du chômage en France sur la base de cette enquête, ce qui conduit à rectifier les chiffres à la hausse : 8.8% de chômeurs au lieu des 8.4% annoncés par la France.
Les transactions bancaires seront uniformisées en Europe
A partir du 1er novembre 2009 les européens effectuant un virement bancaire verront leur compte crédité dés le lendemain. Actuellement les banques retiennent les sommes 5 ou 6 jours ce qui leur permet entretemps de les faire fructifier aux dépens du consommateur. C’est une des mesures de la « directive sur les services de payements dans le marché intérieur » adoptée le 24 avril par le Parlement européen.
Changement climatique
· la banque mondiale et la Banque européenne d’Investissement ont créé un « fond du carbone pour l’Europe » destiné à financer des investissements propres de nature à aider les pays européens à respecter leurs engagements au titre du protocole de Kyoto.
· le Parlement européen crée une commission temporaire sur le changement climatique.
Fête de l’Europe le 9 mai
De nombreuses manifestations sont annoncées principalement à Paris, aucune malheureusement dans le Nord-Pas de Calais, du moins sur le site officiel du gouvernement.
Prochaine émission Nouvelles d’Europe le 7 juin 2007.
Sources : Europa, Touteleurope, Europemidi, Euractiv, Lettre Oui à l’Europe, Sinople, Agence Europe, presse quotidienne et hebdomadaire française dont Le Monde, Courrier International.
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