Sur les routes amricaines avec Simenon noircnoir, les archives...
dimanche 27 avril 2003
noirCnoir 239
vendredi 14 mars 2003
Sur les routes amricaines avec Simenon
Michel Carly
Omnibus
Si je vous dis Simenon, vous me dites Maigret, le commissaire Maigret. Si je vous dis Maigret, vous me dites, pipe, demi, brasserie Dauphine, quai des Orfvres, Paris, les annes 40, 50, le Paris de la populace, les canaux, le brouillard, la grisaille, bref la France d’en bas. Tiens, le Raffarin aurait presque la gueule de l’emploi, sauf qu’il faudrait qu’il la prenne nettement moins de haut cette France d’en bas. Donc si je vous dis Simenon, je suis prt parier que vous me direz plein de choses, mais pas Amrique, New York, Miami, Arizona, Californie ou encore Connecticut. Tout cela sonne trop moderne, sonne trop on the road, tout cela sonne si peu Jules Maigret, et pourtant, Georges Simenon, le natif de Lige, le belge plus parisien que bon nombre de parisiens, est, en 1951, deux doigts de se faire naturaliser amricain. Il a 48 ans. Ca, vous devez le savoir, puisque l’on clbre, avec retentissement, en cette anne 2003, le centenaire de la naissance du pre du commissaire Maigret. En 1951, 48 ans, Georges Simenon vit aux Etats-Unis depuis six ans. C’est en octobre 1945, qu’il arrive New York. Et c’est partir de l que Michel Carly va suivre sa trace pour nous donner un tonnant livre intitul "Sur les routes amricaines avec Simenon".
Ce Simenon, on l’imagine en effet, plutt du ct des quais parisiens de la Seine, qu’au volant d’une bagnole amricaine sur la route qui mne l’Arizona et en Californie, la manire d’un Jack Kerouac. Ils auraient cependant pu se croiser du ct de Tucson, San Diego ou bien sur Los Angeles. Le cap de la quarantaine reprsente pour l’crivain belge un moment important de la vie d’un homme, sans doute la dernire chance de donner une tournure diffrente sa vie. Ou l’on tente le pari d’un nouveau dpart, ou l’on s’installe, avec bien souvent une certaine amertume, dans une routine toute trace. Le nouveau dpart de Simenon se dcline selon deux dimensions, la gographie et l’amour. L’amour, c’est Denise, une canadienne rencontre New York qui l’ensorcelle. La gographie, c’est un nouveau monde. Certes, victime de la chasse aux sorcires, de l’puration d’aprs guerre alors que lui serait reproch des contrats sign avec une maison de production cinmatographique ayant des intrts allemands, et bien que, au final, compltement blanchi, l’Amrique est une opportunit pour Simenon, l’occasion de fuir, mais aussi la ralisation d’un rve qui le taraude depuis pas mal de temps. Celui que les amricains prsentent son arrive comme "une menace pour le monde des lettres, un cartel international en un seul homme, un auteur de 359 livres gs de 42 ans, un homme aussi plaisant qu’nergique", se sent prt conqurir un milieu littraire o rsonnent les noms de Steinbeck, Faulkner, Chandler, Miller, Hammett. Si ce dernier a reconnu tre pat par Simenon, l’crivain ligois, victime d’une nouvelle chasse aux sorcires, communistes cette fois, sait qu’il ne brillera que dans sa bonne vieille Europe. Il dcide donc de regagner Paris en mars 1955, dans ses bagages, sa deuxime femme, ses trois enfants, des romans avec notamment un imprvisible "Maigret New York" et aussi pleins d’histoires en gestation.
"Sur les routes amricaines avec Simenon" de Michel Carly aux ditions Omnibus. Les dix annes amricaines d’un homme passionnant possd par la vie et par l’criture. Bonne lecture toutes et tous avec mes salutations les plus Simenoniennes.
Vos commentaires
Le 13 mai 2003 à 21:08
par Vincent
Dsormais, il va falloir que je me fasse l’ide d’un Maigret, commissaire de son Etat-Uni avec une Canadienne, mchant la boule de gomme la chlorophylle, collaborant pardessus le march avec le lieutenant Colombo et sa Peugeot 404 aux pipes dadmission enqute dtre un jour rvises. Bon Ok jarrte mes blagues fumantes avant dtre pass tabac par une Gitane qui lirait rponse larticle . Vincent.
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