YANN TIERSEN Concerts
mercredi 15 mai 2002
S’il y a une chose que Yann Tiersen a voulu et su dmontrer prs d’un an aprs le dbut de sa tourne, c’est qu’il n’est pas l’artiste d’un seul album, qu’il ne se rclame pas exclusivement de la bande originale du Fabuleux destin d’Amlie Poulain. Pire, il s’en dpartit la moindre occasion.
Samedi 23 mars 2002, Yann Tiersen et sa bande font halte Arras (62). Le public est l pour lui, mais, au dtour d’un solo au violon, au piano ou l’accordon, c’est Christian Quermalet, Claire Pichet ou encore Marc Sens qui Yann Tiersen sait offrir une formidable tribune.
Bien sr, le Breton ouvre sur La Valse d’Amlie car il lui faut capter ds le premier instant l’attention de l’auditoire. Mais il attendra ensuite cinq titres pour rappeler aux Arrageois les jolis minois des montmartrois. Extrait de Rue des Cascades, album plus ancien, le C’tait ici jou ensuite loigne le public du rpertoire connu mais sait accrocher par ses accents celtiques. Dmonstration de sa virtuosit, Tiersen enchane seul au piano sur L’Absente, tir de l’album ponyme sorti peu de temps avant la BOF du Fabuleux destin. En trois titres, Yann Tiersen prsente trois de ses facettes... il en sera ainsi pendant prs de deux heures.
Tout au long du concert, les formations se recomposent, on compte parfois jusqu’ 10 instruments au service d’une seule mlodie, pour l’toffer ou la dpouiller au gr des nouveaux arrangements. Car Yann Tiersen a admirablement su mettre profit une tourne de prs d’un an et plusieurs annes de scne pour placer ses morceaux sous un jour nouveau.
Ainsi Le Moulin, qui charme par son li au piano en version studio est excut staccato face nous, plus vif, moins mlancolique. Rue des Cascades, plaant au chant la dlicieuse Claire Pichet, est interprt au piano et l’accordon alors que la version studio fait avant tout ressortir le son mtallique du clavecin. La Rupture, morceau variable l’infini comme les deux versions trs diffrentes du Phare et de Tout est calme l’ont montr, est revisit son tour, la voix de Claire Pichet disparaissant presque derrire les tranges chos des ondes martenot et, surtout, derrire la guitare de Marc Sens qui habille le titre d’une lectricit tout sauf statique...
Seul regret dans ce vritable feu d’artifice, la voix est certainement l’instrument que Yann Tiersen matrise le moins bien. La Terrasse, Le Concert, L’Echec et surtout Les Bras de mer, Monochrome et Bagatelle, qui font cruellement regretter l’absence de dominique A, sont autant de titres o Yann prend le micro mal assur et o le public connaisseur ne s’y trompe pas...
On lui prfre, et de loin, la puret vocale de Claire Pichet ou le chant reconnaissable du Married Monk et ami de toujours Christian Quermalet, reprenant les jours tristes l’cho de Neil Hannon.
Celui-ci s’illustre la basse comme la guitare, au piano comme la batterie, instrument qui lui permet l’occasion d’assombrir le ciel bleu de Montmartre pour lui assner un formidable coup de tonnerre. Le Banquet, interprt par Yann Tiersen l’accordon et Christian Quermalet la batterie, prsente cette fois non plus Amlie sous un jour virevoltant mais sous un magnifique ciel d’orage ponctu d’autant d’clairs inattendus et imprvisibles... le jeu de lumires accompagnant le tout sur le damier tendu en toile de fond...
Si Christian Quermalet se fait remarquer, le musicien le plus surprenant aux cts des trois violonistes, du violoncelliste, des ondes martenot et du multi-instrumentiste l’honneur est certainement le guitariste Marc Sens dont les exprimentations sonores ont sduit Yann Tiersen. En solo, l’ami Marc, difficile suivre pour les nophytes, n’hsite pas employer toute sorte d’outils barbares, tournevis et autres chanes, pour faire sortir de son instrument les sons les plus saturs et hors du commun. Aux cts de Yann Tiersen, il n’est rien de ces assourdissements abscons, le travail de Marc Sens sur des morceaux tels que Le Concert, La Terrasse, La Crise ou encore sur l’improvisation finale est saisissant.
Volontairement provocantes, volontairement barres lorsqu’un tournevis ou une petite chane sont utiliss, les interventions de Marc prennent tout leur Sens lorsque l’on analyse la dmarche de Yann Tiersen. S’loigner du miel fabuleux, revenir sa recherche sonore comme nous l’a expliqu Marc l’issue du concert. Celui-ci nous a d’ailleurs confi son propre tonnement de se retrouver embrigad dans une tourne o les salles sont des thtres, o le public va de 7 77 ans, lui dont les habitudes sont la confidentialit des arrires-salles enfumes de Paris... L’exprience, usante aprs un an, a t enrichissante, finira-t-il par confier.
Enrichissante galement pour le public, qui ce soir l, ouvert, choisit d’en faire son parti et d’accepter cette provoq’ gratuite, ou qui prfre ses oeillres amliesques pour n’entendre du concert que les douces mlodies montmartroises...
Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’article paru dans le quotidien rgional trois jours aprs le concert (ci-dessous)... encens Yann Tiersen, loue Claire Tichet (sic), applaudi Christian Quermalet... impasse totale (hypocrite ?) sur le trublion...
Habile Yann Tiersen qui sait satisfaire son "nouveau public" et qui sait prolonger l’enchantement de ses fans de longue date...
Habile Yann Tiersen qui a su faire voluer sa prestation scnique de mai mars d’une austrit (rigidit ?) regrettable (olympia mai 2001) une maturit effervescente...
Habile Yann Tiersen qui sait s’entourer de musiciens aussi cratifs que complmentaires...
Habile Yann Tiersen qui sait tonner et dtonner...
Admirable Yann Tiersen, qui aprs un an de tourne, sait susciter des "encore !" merveills...
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