Vincent Delerm au festival de la cte d’opale Concerts
lundi 7 juillet 2003
Entre textes dcals et posies trop tendres, l’album de Vincent Delerm, a t pour moi une vritable rvlation, ce qui peut peut-tre expliquer mon dsir sans limite de voir le rendu scnique. Ce fut chose faite, grce au festival de la cte d’opale, qui ce tient du 1er juillet au 31 juillet, sur toutes les villes de la cte (Boulogne, Etaples, le Touquet, Calais…). C’est Boulogne que j’ai pu me rendre pleinement compte du talent de ce jeune artiste, dont la victoire de la musique, ne semble avoir aucun effet sur son attitude.
Seul au piano, Vincent Delerm, livre de suaves mlodies, parfois dcales. Le ton est immdiatement donn, car une bande nous explique que le principe du spectacle est : une chanson sordide pour deux chansons marrantes ! pourquoi pas. Attitudes nonchalantes, Vincent Delerm se joue du public et des conventions, en se moquant de ce monde de la nouvelle chanson franaise. Il diffuse, par exemple, des remerciements prenregistrs, ou se permet de faire 4 rappels d’une chanson.
Seul petit bmol cette soire, le choix de la salle et l’organisation. En effet, Vincent Delerm s’est produit la salle omnisport de Boulogne sur mer et il n’est pas certain que ses mlodies se prtent ce type de salle. Je vous laisse imaginer Vincent Delerm au milieu de deux paniers de baskets, chantant Fanny Ardant. Etrange ! Qui plus est, le profit reste le profit ; et les organisateurs n’ont eu aucun scrupule vendre plus de places assises qu’il n’y en avait rellement. Si comme moi, vous n’tes pas trs grande, vous ne ferez qu’apercevoir de temps autre ce qui se passe sur scne (quand le gant assit devant vous dans l’escalier, se baisse pour embrasser sa voisine…).
C’est difficile croire, mais on rit beaucoup un concert de Vincent Delerm, qui se permet mme le luxe de raliser une reprise de Marc Lavoine ( elle a les yeux revolver). C’est un artiste talentueux qui s’est livr sur la scne du festival de la cte d’opale.
Mathilde
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Vos commentaires
Le 11 juillet 2003 à 09:47
par Juju
Vincent Delerm, victime de son succs ?
Les victoires de la musique ont sans doute le mrite de promouvoir de jeunes talents, de rvler au public des artistes. Malgr tout, quand on osculte la faon dont elles sont attribues, on craint qu’elles ne deviennent un vecteur de consensualisme.
c’est le problme de Vincent Delerm, qui, bien qu’tant certes dou, se trouve confront un public " qui s’ra p’t’tre des professeurs de lettres, branchs sur France Inter et qui votent pour les verts". Bref, un public constitu de gens qui sont gentiment critiqus dans les chansons.
Mais aprs tout, y a-t-il un moyen d’auto-promotion plus efficace que de prendre en drision une catgorie sociale dont on sait qu’elle est la plus susceptible d’couter l’album, une radio qui est la plus susceptible de diffuser les chansons ?
Cette stratgie est double tranchant et Vincent Delerm en fait les frais sur scne : la mlancolie de la musique associe l’autodrision des paroles, cre une ambiance trs particulire. Ce public qui est venu pour entendre "Tes parents" et Fanny Hardant" (qu’ils ont entendu sur France Inter !) emmagasine une somme impressionnante de tension, qu’il extriorise brutalement lorsque l’artiste entonne les titres en question. A Boulogne apparemment, ces explosions soudaines d’enthousiasme exacerb etaient loin d’enchanter Vincent Delerm, qui aussitt jouait moins fort pour contenir cette liesse.
Donc, le concert tais trs interessant voir, car il a rvl une autre facette de Vincent, le petit ct nonchalant de sa prononciation encore plus marqu que sur le disque, une articulation des syllabes qui n’est pas sans rappeler parfois Jacques Brel, et une vraie prestation scnique, dans la limite du possible pour un homme seul sur scne face son piano. Soyons indulgents et attendons le prochain album : si la drision vise les chauffeurs routiers ou les postiers, ces catgories professionelles reprsenteront-elles la majorit du public prsent lors de la tourne ?
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