PERRY BLAKE : chronique d’un ange déchu Concerts
mardi 9 juillet 2002

L’irlandais Perry Blake nous avait certes habitués à sa versatilité... il était prévisible qu’un jour le kaléidoscope laisserait choir un vitrail d’éclats multicolores sans beauté aucune...
1998, Perry Blake fait ses premiers pas sur la scène française pour présenter son premier album, éponyme, posant une voix gracieuse sur quelques rythmes trip-hop, lgrement électroniques. Si l’album reçoit un accueil enthousiaste d’un public charmé par les arrangements classieux et les mélodies acidulées de l’Irlandais, la prestation scènique laisse quelques sceptiques. Lors de ses premières apparitions en France, Blake chante se révèle plutôt mal l’aise derrière ses lunettes fumées et plutôt distant du public sur la scène du fort de Saint Pre lors de la Route du Rock. Il perd, dès cet instant, un public trop hésitant. La tournée de l’automne l’aide à convaincre un auditoire plus large lorsqu’il ose s’affranchir de son orchestration pour n’autoriser qu’une guitare acoustique et un violoncelle, comme sur la scène de la salle des concerts d’Arras, en novembre 1998. A cette occasion, il épanouit pleinement son talent, laissant découvrir des chansons d’une intensité émotionnelle rare, une voix toujours au bord de la rupture, tantôt grave et envoûtante, tantôt attirée par des cimes divines... Dans son costume en velours sombre, l’irlandais peroxydé aux manières graciles a tôt fait d’être érigé au rang d’ange étrange, décrié par certains, magnifié par d’autres.
Still Life, le deuxième album du "grand chauve qui ne sourit jamais" ((c) Chr. Graciot, Planet of Sound) voit le jour l’automne 1999 sur le label Nave auprès duquel Blake a trouvé refuge après son éviction de Polygram. Les accents trip-hop ont disparu au profit d’une douceur plus insidieuse, d’un travail encore plus intense sur la voix. C’est l’occasion d’un duo remarqué avec Françoise Hardy (War in France) sur un tempo de valse. La tournée qui suit la sortie de ce nouvel opus est un franc succès pour l’Irlandais qui semble gagner les faveurs du public français. Pourtant, déjà, il semble délaisser son côté frêle pour arborer un air parfois fier et conscient de ses effets. Au printemps 2000, son concert parisien au Café de la Danse traduit toute l’ambiguité de sa personnalité, trahissant une prciosité maladive ou peut-être un état maladif précieux - en effet le sieur Blake insiste continuellement sur la fragilité de sa voix et adoucit ses cordes vocales par un trait de malt entre chaque chanson. Qu’importe, le public lui pardonne ces travers agaçants dans le temps car ils n’empreignent en rien la délicatesse et la justesse du chant et des mlodies rendus sur scne. Des titres comme "Stop breathing" ou "So long" marquent l’apothose d’un chant sensible mais jamais fuyant, l’motion est totale. Abandonnant les artifices lectroniques de la version studio, Perry Blake rinvente "The Hunckback of San Fransisco" sous un jour plus lancinant, plus grave et tout fait propos. Dualit donc entre une prestation scnique poustouflante et un personnage qui perd de sa navet premire.
La rupture est franche l’automne 2000, lorsque l’Irlandais s’offre un concert accompagn par l’Ensemble Musiques Nouvelles lors des Nuits Botanique, Bruxelles. Si ce set annonc en grande pompe devait tre le fate de la tourne "Still Life", il en est surtout ressorti une impression de vanit. Plus affect que jamais, Perry Blake a sacrifi son image d’ange intouchable un dfil de mode -si l’on en juge aux photos du concert- sans plus d’intrt que de servir un public pour qui il tait entre-temps devenu un icone. En effet, au dbut de l’t, le ralisateur franais Sbastien Lifshitz sort le long mtrage "Presque rien" consacr l’homosexualit masculine, pour lequel Perry Blake devait composer la bande originale. Or, les titres composs par l’Irlandais n’ont pas t inclus dans le montage. Seuls figurent au gnrique "Wise man’s blues" et "This time it’s goodbye", extraits de Still Life. La bande originale sort nanmoins en parallle du film et comporte les morceaux dlaisss. A Bruxelles, trois mois plus tard, Perry Blake rencontre un nouveau public, compos en partie de spectateurs mus par le film et cherchant dans sa musique retrouver la fracheur et l’image positive de l’homosexualit prsentes dans le film. Sur scne, la prsence de l’orchestre symphonique force sa grandiloquence et il ne ressort qu’un set calibr et trop net pour laisser la place la dlicatesse propre ses premires apparitions. "Broken statues", l’album live tir de cette prestation parat au premier anniversaire du concert, dbut octobre 2001. A sa sortie, ce live semble dj anachronique et ne prsente plus vraiment d’intrt, malgr sa trs belle prsentation en botier cartonn reprsentant la scne du cirque royal sous une magnifique lumire rouge. Dplorable communication de la maison de disques qui a plong l’irlandais aux oubliettes du public franais depuis prs de 18 mois. Notez qu’ ce jour, l’album prsent sur le site de Nave est encore "Still Life"... Il faut ajouter cela qu’aucun site Web n’est officiellement consacr l’artiste. On comptait bien deux sites indpendants, l’un sur altern.org, l’autre sur parnelle.isabel.com... Le premier, complet et rgulirement mis jour, a disparu avec la fermeture de l’hbergeur l’t 2000, tandis que le second "The Weeping Tree", mentionn sur les albums, rarement mis jour mais trs esthtique, vient d’tre laiss l’abandon par son webmestre, certainement aussi lass que le public du manque d’actualit de l’artiste. Le forum ddi l’Irlandais et hberg par ce site a t ferm la fin du mois de juin.
Printemps 2002, trois petits tours et puis il revient, le sieur Blake prsente sur France Inter l’occasion d’une deuxime Black Session -aprs un projet de session avort en 2000- son nouvel album, California. D’emble, le public des dbuts craint que le glamour de jadis ait disparu. California, ce nom sonne comme tout de clinquant et de moins raffin qu’une nature morte... tout ce qui brille n’est pas or, et le couperet tombe ds la premire chanson... Le verre de whisky aux pieds de l’irlandais est malheureusement bien la seule chose qui soit reste... Accompagn d’un batteur, d’un bassiste, d’un guitariste, d’un claviriste et d’une choriste, Perry Blake a dlaiss son costume de velours au profit d’une chemise 70’s qui trahit tout du tournant qu’a pris sa musique. Le ton est de suite motown, alourdi par une batterie et une basse sans la moindre once de grce. La voix de l’Irlandais oscille entre les graves et les agus sans le charme qu’on lui connaissait. Le "Hunchback of San Fransisco" est une nouvelle fois revisit, cette fois plus soul, plus monocorde aussi. Blake donne l’impression de chanter sans got et son public frise l’ennui ds le troisime titre. La reprise de 1971 achve de convaincre l’auditoire que l’anglique Perry Blake a rsolument disparu au profit d’un vritable crooner cette fois... flirtant avec la ringardise, qui plus est lorsque les paroles de certains titres se limitent de plats "I need you/I love you".
Beaucoup plus facile couter, bien moins prcieux, certainement moins agaant pour ceux qui ne le connaissaient pas, le nouveau Perry Blake est format couper l’envie d’couter plus de deux titres en chane. Incroyablement imbu, en rappels, le personnage rpond aux demandes du public qu’il avait suscites par un "non, celle-ci je n’en connais plus les paroles" et prfre rejouer les deux premiers titres de la session. Un comble si l’on connat le vaste rpertoire du monsieur. Le nouveau public est ravi, l’ancien irrmdiablement du.
Reste que l’album, dont la pochette reflte par ses couleurs et son graphisme le virage pris par l’Irlandais, finit par s’couter sans trop de mal. Bien sr, on regrette la mlancolie si communicative des premiers albums, la fragilit sans gale, mais les nouveaux titres laissent moins transparatre que le concert les vocalises de l’artiste et peuvent encore, parfois, rappeler les bons souvenirs des dbuts... condition de faire abstraction des choeurs, des botes rythmes et des paroles...
Juillet 2002, que reste-t-il de Perry Blake ?...
P.-S.
Perry Blake, California (2002), Nave
Documents joints
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Perry
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Vos commentaires
Le 4 juin 2003 à 17:05
par carole
Un peu rude non cette manire de parler de Monsieur Perry...
Qui peut se permettre de parler de mythe ? Pas lui, pas vous...
Bien que je reste dcue du dernier album... sa puissance n’est en rien entche !
Le 11 septembre 2003 à 01:04
par Wisedolphin
Quel critique infonde, agaante, blesse par un pattriotisme (?) franais bien ct de ses pompes... est-ce parce que Perry vous boude et prfre son public belge ?? Toujours en est-il que le dernier album recle plus de difficults tre compris que le deuxime et qu’il est moins abordable qu’il ne le semble l’tre premire vue. Et c’est bien premire vue que vous avez jug sa dernire cration, avec une facilit coeurante en finir avec un artiste qui ne vous tient manifestement pas coeur. Je vous conseille vivement de lire ses textes, qui comportent une sagesse et une posie bien plus labore que tout ce que vous avez pu barbouiller dans cet article facile et mensonger. Allez hop, on remballe tout a et on jette a la poubelle... o cet article aurait d rester. Quelle honte !
Le 20 septembre 2003 à 21:49
par vinciane
en crivant cet article, j’imaginais qu’il susciterait davantage de ractions de ce style et surtout plus rapidement. j’avais alors pleinement conscience d’appuyer l o a fait mal. pour une simple et bonne raison : les personnes cherchant lire les articles sur perry blake sont souvent des fans, et bien forte raison... perry n’est pas un artiste que tout le monde connat et pour peu qu’on prenne un peu le temps d’couter, le talent est indniable.
il faut nanmoins considrer plusieurs choses en lisant cet article, et surtout en le lisant vraiment (et non en relevant une petite phrase au milieu - cela dit, j’avoue certainement une part de jalousie (et non de patriotisme bien sr) au fait que perry ait choisi la belgique pour son concert avec orchestre symphonique) : je suis une fan absolue du perry des deux premiers albums et c’est bien envers et contre toutes les mauvaises critiques que j’avais pu lire sur ces deux premiers disques. j’ai rencontr l’irlandais plusieurs reprises, particip une interview avec lui et discut longuement de ma dception pour le troisime album avec la personne charge de sa promo chez nave.
il y a donc une erreur grossire dans cette apprciation de l’article : c’est justement parce que perry me tient tellement coeur que cet article a t crit.
ce que j’essaie d’expliquer (je n’essaie de convaincre personne) est quel point ma dception a t cruelle lors de la black session. je trouve encore aujourd’hui california trs en dessous des deux premiers. mais je l’ai beaucoup cout. et j’en apprcie d’autant plus les deux premiers.
que cet article soit arrogant, soit, c’est l la meilleure apprciation, il l’est et il l’est volontairement. ma blessure tait alors ouverte...
je ne pense pas qu’il faille chercher sur des webzines des articles susceptibles d’tre crits par des fans. nous sommes l pour faire partager des apprciations et pas pour passer notre temps brosser les artistes dans le sens du poil. c’est un cueil que de chercher conforter ses opinions de fan sur ce type de sites, autant aller sur les sites consacrs l’artiste directement, l aucun risque de se faire du mal...
mon article mrite raction, et il en a eu de la part de la maison de disques (l est la plus pertinente mon avis), mais il mrite surtout contre-argumentation. il est facile de dire de jeter un article la poubelle parce qu’il a dplu... moins facile d’en crire un qui tienne autant la route. tout y est argument, illustr. je ne prtends pas dtenir la vrit au sujet de perry blake, je me rpte, j’exprimais ma dception.
j’attends avec impatience des arguments et un dmontage point par point de mon article... bien plus que de grossires insultes. il n’y a pas de dbat l dessus.
Le 4 février 2004 à 23:16
par abda
www.perryblake.com
Le 11 juin 2004 à 20:58
par ivan
beaucoup de grands artistes changent...pour les fans...mais je pense qu’ils voluent tout simplement ...voyons radiohead par exemple...on dirait l’inverse de perry black....bien d’autres...U2....mme Cure.....et pourtant le talent demeure....c’est nous qui n’voluons peut tre pas !!!!!
Le 18 août 2004 à 02:16
par Electrokiss
L’article est effectivement tres cruel envers Perry, mais comme l’explique la rdactrice, c’est un article "personnel". Toujours est-il que j’ai 15 ans, et je trouve que Perry Blake a un enorme talent ! Les paroles se rvlent aussi de trs belles posies profondes et touchantes. Ce talent, cette beaut l’oreille, cette posie ne vous satisfait-elle pas ? Vous faut-il obligatoirement coller une image au son qui sort de vos enceintes ? Et vous faut-il forcement vous acaparer de cette image ? Vous faut-il etre jalouse quand cette image ne viendra pas prendre vie en france MAIS en Belgique ? La musique reste la musique, l’artiste n’est pas un Dieu ! La musique c’est spirituel, intemporel, potique, et virtuel ! c’est ce qui fait son charme ! L’artiste n’est qu’un corps ! alors pourquoi tant d’attachements "celui qui chante ..." ? Contentez vous de jouir du plaisir d’ecouter Sandriam dans un bain chaud et un calme absolu ! Vous vous envolerez !
Le 2 juillet 2007 à 00:57
par charles
jtavé effectivemen trouV tro severe ossi conceran...california (seul album ke g de perry black é ki pour moa é vraimen magnifik) apres le bon point c ke du fait ke tu é descendu cet album tu ma vraimen donné envi dakérir ses 2 1er album ki dapres toa son les meilleur. peut pa le meme style ke california(é en fin dcompte pa du tou lmeme style dapres ske tu di ) mai ta parlé avec le coeur é objectivmen ta bien repondu a lotr andouille é javou kil nya rien a treproché.
sur ce jvai mempréC dpécho les 2 1er album...grace a toa...merci a toa ! lol
ps : jvoulé juste trep a toa é pa envi ksa aparaiss sur ton site. voila. encor merci !
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